YANGZIJIANG

YANGZIJIANG
YANGZIJIANG

Le Yangzijiang, que les Chinois dénomment Changjiang – «Long Fleuve» –, est l’un des plus grands fleuves du monde: il a 5 980 kilomètres de long, pour un bassin de 1 830 000 kilomètres carrés; son débit annuel serait de mille milliards de mètres cubes, son débit moyen de 29 000 à 30 000 mètres cubes par seconde en aval de Datong, ce qui le classe au troisième rang dans le monde, mais très loin toutefois derrière le premier, l’Amazone (150 000 m3/s).

Le régime

En dépit de sa longueur, le Yangzijiang a un régime relativement simple, avec des basses eaux d’hiver et des hautes eaux d’été; cela vient de ce que son alimentation est à peu près exclusivement fluviale, au moins en aval de Yichang, où la fonte des neiges sur les montagnes du Sichuan ne produit qu’un gonflement limité en avril. D’une tout autre ampleur est la crue due aux grandes pluies de la mousson: celles-ci provoquent une montée régulière et prévisible, mais très forte, des eaux, avec une pointe en juillet et une autre en septembre.

L’amplitude moyenne de la crue est de 9 m environ à Yichang (le niveau d’étiage étant de 0,75 m en février, le niveau de crue de 10,20 m en septembre). Elle est toutefois atténuée en aval: ainsi, elle est d’environ 6 m, en moyenne, à Wuhu, du fait du rôle régulateur joué par le lac Dongting (Dongtinghu): en hiver, celui-ci n’est, sur 3 100 km2, qu’un assemblage d’étendues d’eau peu profondes, séparées par des îles; à partir de mai, il reçoit par cinq chenaux une partie du flot de crue du Yangzi (à peu près 40 p. 100), soit environ 13 000 m3/s, et ce jusqu’à la fin de septembre; il atteint alors 20 000 km2, avec des profondeurs de 15 m; à partir d’octobre et jusqu’à avril, les chenaux renversant leur cours, le Dongtinghu reverse peu à peu ses eaux au fleuve.

Le Yangzijiang est un fleuve chargé: il transporterait, en moyenne, 0,8 kg par mètre cube d’eau à Wuhan, d’où l’absurdité du nom de fleuve Bleu qui lui fut donné par les navigateurs européens. Il est toutefois beaucoup moins chargé que le Huanghe (3,4 kg/m3), et sa force de transport est suffisante pour qu’il entraîne une grande partie de ses alluvions jusqu’à son embouchure et qu’il garde un lit fortement incisé.

Les inondations

Majestueux, ayant des crues régulières, le Yangzi n’en est pas moins dangereux par l’énormité de celles-ci certaines années. Le maximum d’amplitude observé a été de 13,10 m à Yichang (de 0,10 à 13,20 m), de 7 m à Wuhu; le débit a atteint 75 000 m3/s à Wuhan entre juillet et septembre 1931, 93 200 m3/s à Datong en 1954. Or, la capacité du lit à Wuhan étant de 45 000 m3/s, toute grande crue risque de provoquer des inondations. Celles-ci, du fait de l’existence de défilés en aval, sont surtout redoutables au Hubei.

En amont, dans le bassin Rouge du Sichuan, où le Yangzi reçoit de très gros affluents (Min, Jialing), tous torrentiels comme le fleuve lui-même, les crues ne sont dangereuses que par leur rapidité: à Chongqing, les eaux peuvent monter de 8 m en vingt-quatre heures, l’amplitude de la crue est énorme (plus de 20 m), mais les eaux s’écoulent rapidement. Après avoir, sur près de 650 km (entre Chongqing et Yichang), franchi vingt-cinq rapides, traversé trois gorges dont celle de Yichang où il n’a parfois pas plus de 200 m de large, le Yangzi débouche dans la cuvette lacustre du Hubei, semée de lacs, de faux bras, de méandres abandonnés; sa pente devient alors très faible (14 mm/km à Wuhan). Or il y a là une remarquable confluence hydrographique: le Dongtinghu reçoit du sud les eaux du Yuanjiang et du Xiangjiang qui peuvent avoir de très fortes crues; le Yangzi lui-même reçoit à Wuhan, où il a 1 800 m de large, son plus grand affluent, le Han (Hanshui). Il peut arriver que se produisent en même temps les crues du Yangzi («eaux rouges»), du Han («eaux jaunes»), du Yuan et du Xiang, dont les eaux envahissent le Dongtinghu et l’empêchent de jouer son rôle de régulateur: le débit dépasse alors de beaucoup la capacité du lit. Ces eaux s’écoulent difficilement parce que, à Jiujiang, le lac Poyang (Poyanghu), lui aussi gonflé par la crue du Han, joue un rôle de bouchon et que, de Jiujiang à Nankin, à travers toute la province d’Anhui, le fleuve traverse le goulet d’une série de défilés entre les basses montagnes de Wannan au sud et le Huaiyangshan au nord (le fleuve n’a que 600 m de large à Nankin). De là de très graves inondations: celle de 1931 fit 185 000 morts. Les digues du Han et celles qui ferment le Yangzi sur sa rive sud en amont de Shashi étaient insuffisantes. De grands travaux ont été réalisés depuis cette époque: un barrage en 1952 à Taipingkou, un réservoir à Shashi qui sauva Wuhan lors de la grande crue de 1956, un barrage de dérivation sur le Han à Dujiatai; la correction du cours du Fujiang et de celui du Huanshui; un énorme barrage réservoir a été construit sur la Tang, affluent du Han, et le Han supérieur est doté d’un des plus grands barrages hydro-électriques de Chine.

Après Nankin, le Yangzi coule dans le delta qu’il a construit; quoique la pente du fleuve soit extrêmement faible (1 mm/km), le lit est profondément incisé (plus de 40 m) et la crue diminue considérablement d’ampleur: 3,70 m à Zhenjiang, 0,90 m à Wusong; les risques d’inondation sont, de ce fait, moindres. La marée se fait sentir jusqu’à Nankin et atteint 4,80 m à Wusong, en période de grande marée. Elle déblaie l’estuaire du fleuve, où cependant l’île de Chongming (Chongmingdao), émergée en l’an 620, couvre plus de 700 km2.

La voie navigable et l’aménagement hydroélectrique

Le Yangzi constitue une magnifique voie fluviale. La navigation est possible à partir de Yibin, au Sichuan, mais elle rencontre de grosses difficultés entre Chongqing et Yichang: autrefois, les jonques devaient être halées à la montée et la descente était dangereuse; des navires de 5 000 t à très faible tirant d’eau franchissent aujourd’hui les «gorges». De petits navires de mer circulent en aval de Yichang; en aval de Wuhan, des navires de 10 000 à 15 000 t peuvent être utilisés, ce qui donne une très grosse activité portuaire à cette ville et aux ports situés en aval. La pêche est très importante en cette même partie du cours (cf. CHINE).

L’équipement de ce géant, qui détient la moitié du potentiel hydroélectrique exploitable du pays (soit quelque 197 GW), a commencé au cours des années soixante-dix avec le gigantesque projet «des Trois Gorges» (les trois grandes gorges que franchit le fleuve entre le Sichuan et le Hubei) visant à rendre le Yangzijiang navigable jusqu’au Sichuan pour les cargos maritimes et à lui faire produire autant d’hydroélectricité que le total national actuel. Le premier élément de ce complexe est en cours d’achèvement: il s’agit du barrage de Gezhou édifié en amont d’Yichang, d’une longueur de 2 561 m, pourvu de vingt-sept vannes de décharge (contrôle des crues et désensablement), trois écluses (deux pour les cargos de 10 000 t et une pour les bateaux de 3 000 t) enjambées par des ponts tournants, deux centrales hydroélectriques d’une puissance installée de 2 715 000 kW (production annuelle de 14 milliards de kWh). La puissance installée atteint déjà 1 000 MW et devra être triplée au cours des années 1990, tandis que l’on envisage l’équipement du cours supérieur (Jinshajiang) et de l’un de ses plus puissants affluents tibétains, le Yalongjiang. Par contre, le gigantesque projet concernant les célèbres gorges a soulevé de graves problèmes, essentiellement d’ordre écologique, à tel point que l’Assemblée populaire nationale l’a refusé lors de sa session du printemps de 1989.

Yangzijiang, Changjiang, Yang-tseu-kiang ou Yang Tsé Kiang
(fleuve Bleu) le plus long fleuve de Chine (5 800 km), tributaire de la mer de Chine orientale. Né sur les plateaux du Tibet, à 5 000 m d'altitude, il coule dans des gorges profondes vers le S.-E. et débouche dans le Sichuan, où il reçoit de nombr. affluents. En aval, il se resserre dans des défilés puis entre en plaine, où ses affl. le mettent en contact avec de grands lacs (Dongting, Poyang) qui régularisent son débit. Accessible à la navigation maritime, il arrose Nankin et Shanghai (ville bâtie dans son delta). Ce fleuve régulier, au débit abondant, est le principal axe économique de la Chine.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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